"Attractions d'autrefois à Téteghem"

Texte de la conférence - 3ème partie


Focus sur la ducasse, longtemps le grand événement festif annuel.

Avant 1900, la ducasse avait lieu en septembre. Puis elle se déroulera en juillet, ensuite en juin.

Elle dure habituellement trois jours, avec un raccroc le dimanche suivant.

Des forains installent leurs manèges à cette occasion.

 

Ducasse (juin 1978, collection Dominique Mennesson)


 


Voici une sélection des ducasses les plus significatives ou sur lesquelles nous avons le plus d'informations.


  • la ducasse de juillet 1948 : des chars fleuris et des voitures anciennes accompagnent une noce villageoise fictive. Cette noce, célébrée « pour la première fois dans les annales de la commune » souligne le Nouveau Nord dans son édition du 20 juillet, simule les épousailles campagnardes de jadis.

    Le cortège traverse un village très sinistré par la guerre : plus de 400 maisons endommagées, entre 60 et 70 totalement détruites, l'Église démolie.




Défilé de chars 1948 (collection Guy Hovaere)

 

  • la ducasse de juillet 1949 : se singularise par un défilé de chars et le faux mariage de Julien Devulder et Julia Devacht, très différents par la taille.


Mariage 1949 (collection Gabriel Provoost)


  • Le détail des ducasses de 1950 et de 1952 est connu.

    1950 :

    le dimanche 17 juillet : manèges et attractions, bals le midi et le soir (on danse dans les cafés).

    le lundi 18 : cavalcade des corporations 1900 : un break avec la municipalité et les organisateurs, en redingote et haut de forme, suivi de neuf chars (l'agriculture, le moulin, où vas-tu Basile ?, les charrons à la forge ; les boulangers ; la musique ; l'estaminet de village ; la mode 1900)

    le mardi 19 : messe le matin à la mémoire des victimes des deux guerres puis dépôt de gerbes au cimetière et au mémorial de la 32e DI ; bals le soir



Cavalcade des corporations 1900 (1950) (Nouveau Nord 29 juillet 1950)


    1952 :

    dimanche 20 juillet : remise de médailles du travail ; bals le soir

    lundi 21 : cortège d'enfants costumés : un ensemble tricolore ouvre la marche, suivi d'un groupe de danseuses espagnoles puis de Hollandais. Viennent ensuite un défilé de chars fleuris et des ballets exécutés par les enfants costumés. La journée se termine par un bal champêtre et un feu d'artifice.


Kermesse 1952 (Nouveau Nord 23 juillet 1952)

 

mardi 22 : messe le matin à la mémoire des morts des deux guerres puis dépôt de gerbes au cimetière et au mémorial de la 32e DI ; bals le soir, « on sait danser à Téteghem » dit le Nouveau Nord du 23 juillet 1952

dimanche 27 : raccroc de la ducasse, avec un jeu de Jean-Tape-fort au café-restaurant À l'Aigle (Henri Sophys, sur la Place).

 

La ducasse, qui souvent combine l'amusement avec le pittoresque, n'est pas seulement un divertissement, c'est aussi un grand moment de cohésion sociale qui mêle les générations et n'oublie pas les défunts. On peut la voir comme un facteur structurant de la communauté.

C'est également un temps de récréation dont on profite pour valoriser le travail : l'habitude de remettre des médailles du travail à cette occasion, la première fois peut-être en 1952 -le pays est alors en pleine reconstruction- perdurera au moins jusqu'en 1964.

 

  • On retrouve dans les ducasses des années 60 et 70 les mêmes ingrédients : humour, jeux d'adresse, danse, mais au lieu de cortèges, hormis encore un cortège humoristique en 1970 et des défilés de fanfares et majorettes, des attractions sportives et des concours  : courses cyclistes, gymkana de tracteurs et compétition inter-villages en juillet 1966 (dans l'esprit d'Intervilles, jeu créé en 1962), course de cerceaux en 1970, démonstrations d'haltérophilie en 1975, de gymnastique en 1976, de parachutisme en 1979, gala de catch en 1975 et 1979, concours de vélos fleuris, de pêche amateurs, concours de travestis en 1972, de patins à roulettes pour les enfants en 1979, de fumeurs de cigares et compétition humoristique à brouette en 1969. On le voit, les idées ne manquent pas.

Course cycliste années 1960 (collection Gabriel Provoost)

     

    Course de cerceaux 1970 (Voix du Nord 23 juillet 1970)



Concours de fumeurs 1969 (Voix du Nord 31 juillet 1969)



Course de brouettes 1969 (Voix du Nord 25 juillet 1969)

 

  • la ducasse de 1968 est exceptionnelle. Du fait des événements de mai et des restrictions budgétaires, on en fera une ducasse sportive. La Voix du Nord du 25 juillet 1968 explique : « La répercussion des conflits sociaux sur les finances communales a obligé, cette année, la commission des fêtes à faire appel pour l'organisation de la ducasse à ce qu'il est convenu d'appeler les moyens du bord, c'est-à-dire les solutions les moins onéreuses. D'où l'idée - entre autres - d'organiser un tournoi de football doté de quatre coupes, étalé sur les journées de samedi et de dimanche. »

Toutefois, le dimanche, pour ne pas rompre entièrement avec la tradition, il y eut aussi une course cycliste humoristique et un spectacle de danses folkloriques par la MJC de Rosendaël.



Danses folkloriques 1968 (Voix du Nord 25 juillet 1968)

 

  • les ducasses du début des années 1980 renouent avec le pittoresque : une grande fête médiévale (avec jongleurs, bateleurs, cracheurs de feu, troubadours et trouvères, musiques et chants d'époque, danseurs costumés … ) le 28 juin 1981 ; des cortèges folkloriques de chars fleuris (le premier le 27 juin 1982, ensuite en 1983 avec une participation des Gilles du Hainaut, puis encore en 1984 et en 1985).


Cortège folklorique 1982 (Voix du Nord 30 juin 1982)


Cortège folklorique 1983 (Voix du Nord 1er juillet 1983)


Char de la danse (1984) (Collection Gabriel Provoost)


Cortège folklorique 1985 (Voix du Nord 26 juin 1985)


Ce retour du spectacle ne prive pas des autres divertissements : course à pied, concert-promenade (harmonie et majorettes), concours de pétanque, de bouchons ; grand bal public.

Puis les cortèges disparaîtront.

À la fin du siècle dernier la ducasse se maintiendra avec du sport, des jeux, des manèges, la musique et la danse. Mais elle subsistera plus difficilement dans un contexte où les fêtes populaires attirent moins un public qui a maintenant le choix entre des distractions multiples et dont l'individualisme éloigne des loisirs collectifs.

 

 

Gérald Mennesson