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Oui au coup d'État (1851)
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Oui au coup d'État (1851)

 


 

Le 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de Napoléon 1er (1804) et de la victoire d'Austerlitz (1805), son neveu, Charles-Louis Napoléon Bonaparte (1), président de la République depuis 1848 (2), s'empare du pouvoir par un coup d'État.

Le prince-président avait pourtant affirmé à la prestation de serment suivant son élection qu'il verrait « des ennemis de la patrie dans tous ceux qui tenteraient de changer par des voies illégales ce que la France a établi » (3). Mais Proudhon, déjà, avait soupçonné la duplicité du personnage, notant dans ses Carnets : « Cet homme paraît bien intentionné, tête et cœur chevaleresques ... au demeurant génie médiocre … Me méfier. » (4)


 

 

Voulant légitimer son coup de force par l'approbation du peuple, le putschiste organise peu après un plébiscite, les 20 et 21 décembre.

 


 

La consultation, dans un climat répressif (5), ratifie le renversement de la République à une écrasante majorité : plus de 7 millions de « oui », moins de 700 000 « non » (6). Ce succès ouvre la voie au Second Empire (7), qui sera institué l'année suivante, et donne raison à Chateaubriand pour qui « les Français vont instinctivement au pouvoir » (8).

 

 

Dans le Nord, l'acceptation est forte : 78,5 % des inscrits se prononcent pour le « oui »(9) (75,6 % au plan national). Mais ce sont surtout « les Flandres et le sud du département qui ont apporté le soutien le plus massif au coup d'État » (10).

Dans l'arrondissement de Dunkerque, il y eut peu de bulletins négatifs : seulement 662, dont 368 à Dunkerque et 101 à Bergues. Et dans vingt-et-une des quarante-six communes qui le composent, on n'enregistra aucun « non ».

A Téteghem (605 inscrits, et un nombre de votants indéterminé : entre 406 et 496), on comptabilise un seul bulletin négatif, comme du reste dans trois autres communes (Armbouts-Cappel, Looberghe et Steene).

 

Gérald Mennesson

 

1 - Fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande et d'Hortense de Beauharnais.

2 - Élu le 10 décembre 1848 au suffrage universel masculin avec 74 % des voix.

3 - Le 20 décembre 1848.

4 - Pierre-Joseph PROUDHON, septembre 1848.

5 - Plus de 27 000 arrestations dans le pays.

6 - Environ 10 millions d'inscrits, 8 165 630 votants. 7 481 231 « oui », 647 292 « non », 37 107 bulletins nuls.

7 - 2 décembre 1852 - 4 septembre 1870.

8 - François-René de CHATEAUBRIAND, Mémoires d'outre-tombe, Tome 4, édition 1899-1900, p. 85.

9 - 285 456 inscrits, 239 048 votants. 224 214 « oui », 13 956 « non », 878 bulletins nuls. Source : Max BRUCHET, « Le coup d'État de 1851 dans le département du Nord », Revue du Nord, mai 1925, tome 11, n° 42.

10 - Marc LELEUX, Aux sources de la précarité. L'instrumentalisation du travail dans le Nord (1848-1914), Septentrion, 2015, p. 195.