"Attractions d'autrefois à Téteghem"

Texte de la conférence - 1ère partie

 




Kermesse villageoise (Martin van Cleve, 1527-1581)

 

On le sait, la Flandre est une terre de traditions festives. On travaille, mais on aime aussi s'amuser.

Comme d'autres localités, Téteghem a organisé pendant longtemps des récréations populaires, nombreuses et régulières ; la fête publique la plus ancienne et la plus connue étant la ducasse ou kermesse, souvent représentée dans la peinture flamande.


Préambule : ce qu'on sait des festivités antérieures à 1945

Avant la seconde moitié du XXe siècle les traces conservées des festivités à Téteghem sont très rares et fragmentaires.

 


 

 

 

L'information la plus complète concerne la ducasse de 1882, dont on dit qu'elle a coûté à la municipalité 200 francs -ce qui équivaut au tiers du traitement annuel du secrétaire de mairie ou du garde-champêtre en 1860 (600 francs), seule source de comparaison-, et dont on connaît certaines attractions : grand carrousel, jeu de Jean-Tape-fort, jeu de ciseaux, course en sac, course à brouette et course en sabots.

Le grand carrousel est un divertissement équestre dérivé des tournois ; le jeu de Jean-Tape-fort est un jeu de force qui se pratique encore dans les fêtes foraines ; le jeu de ciseaux consiste à couper les yeux bandés des ficelles pendues pour gagner les lots qui y sont accrochés. Jeu de ciseaux et course en sabots sont des amusements réservés aux femmes.

Il y eut à la ducasse de 1887 un concours de chants flamands ; à la ducasse de juillet 1929 un « formidable lâcher de pigeons » (1) par la société colombophile de Rosendaël ainsi qu'un concours d'accordéon au café À l'Étoile (rue Neuve) et un tir à la carabine au carton à l'estaminet À la forge (rue de la Mairie).

Dans les années 1920, des orgues mécaniques étaient installées au café À l'Hôtel de Ville sur la Place pendant la ducasse pour animer les festivités. Dans cet établissement il y avait une salle de bal.

 


Collection privée Claudine Sophys-Dusautois

 

Hormis la kermesse, qui avait lieu régulièrement, il est possible que se donnaient aussi au village, occasionnellement, des pièces de théâtre ou autres spectacles. En tout cas, il a existé localement une troupe théâtrale d'amateurs, « les Amateurs de Téteghem » qui, le 6 janvier 1812, a joué au théâtre de Dunkerque une comédie flamande en trois actes intitulée Bertulphus et Arberta, sans doute de sa composition et dont nous n'avons pas trace.

On pouvait aussi assister à des projections de films dans des cafés : Au Saint-Hubert rue Neuve ou À l'Hôtel de Ville sur la Place.

 

De l'après-guerre aux années 1970 : tradition et nouveautés

C'est la France des Trente glorieuses : celle de la croissance économique et de la société de consommation.

À cette époque, Téteghem est encore une petite localité à l'expansion progressive passant de 1239 habitants en 1946 à 2874 en 1975.


Évolution de la population de 1946 à 1975


Si la ducasse est l'attraction principale de ces années, d'autres distractions apparaissent.

On organise le dimanche 28 août 1949 une fête des moissons regroupant les habitants de Téteghem et de Coudekerque-Branche pour se réjouir d'une rentrée heureuse des récoltes, avec une messe le matin et des jeux et variétés avec orchestre l'après-midi. Cette fête rurale héritée du passé dit toute l'importance encore des travaux des champs et rend hommage à la terre nourricière. Elle signifie aussi que Téteghem est toujours un village.

La Jeunesse Agricole Catholique et l'association Cité joyeuse de Téteghem donnent des spectacles dans un baraquement à l'angle des actuelles rue des Pierres et rue du général Alaurent qui sert de salle des fêtes ; la troupe mixte de la Jeunesse Théâtrale de la Flandre Maritime s'y produira le 30 avril 1950.

En juin 1957, le théâtre de Paris joue, sous un chapiteau plein, la comédie la Mascotte du régiment .

Outre le théâtre, on aime la chanson : un grand gala de music-hall suivi d'un bal est organisé le dimanche 22 avril 1951 à l'occasion de la Fête du Travail.

Dans l'immédiat après-guerre, il existe un cinéma paroissial dans un baraquement derrière l'église provisoire.


Certaines fêtes apparaissent, qui perdureront :

  • la fête de quartier (en septembre 1954 à la Fleur des Champs),

  • la fête de la St-Martin : défilé des enfants des écoles, avec lanternes et betteraves, distribution de volaeren et autres friandises (la première dont on a trouvé trace date de 1951).


À la fin des années 1960 la société change profondément et la population réclame d'autres distractions, plus modernes, plus innovantes. C'est pourquoi l'association Cité joyeuse de Téteghem organise le dimanche 7 mai 1967 un rallye-promenade suivi d'un dîner et d'une soirée dansante. Une fête en rapport avec l'engouement pour l'automobile (et la vitesse) - en 1968, 1 ménage français sur 2 possède une voiture.


Dans les années 1970, le carnaval et les premiers défilés de majorettes (celles de Ghyvelde, en mai 1977) font leur apparition à Téteghem.


La danse (Auguste Renoir)


Enfin, soulignons l'importance des bals. C'est une constance de la fête autant que la ducasse. On aime danser. La danse, c'est le grand regain de vie après-guerre. On danse dans les cafés, notamment au café/forge La Belle vue (tenu par André Tanghe, sur la Place, dans une salle au 1er étage).

Dans les années 1960, il y avait trois bals distincts : un bal des agriculteurs, un bal des commerçants, un bal des ouvriers.

En mars 1975 salle Tanghe, l'association les Amis de l'École organise un grand bal masqué.

À partir de novembre 1977 aura lieu chaque année un bal de Sainte-Catherine, et l'on note un bal des sports en septembre 1978.


Des années 1980 à 2000 : adaptation de la fête

Le contexte n'est plus le même. C'est une période traversée de crises, c'est aussi la mondialisation, les nouvelles technologies, la réduction du temps de travail, une société du temps libre et des loisirs, une société également plus mobile.

La population de Téteghem compte 5165 habitants en 1982, presque deux fois plus qu'en 1975.

Les festivités communales essaient de suivre au mieux l'évolution sociale par la diversité et la nouveauté. A côté de la traditionnelle ducasse, qui résiste encore, on recense des manifestations plus nombreuses, inédites et diversifiées.


On organise :

  • des repas : repas flamand; soirée couscous ; repas dansant  ; repas du feu de la Saint-Jean

  • une fête de la bière avec bal et dégustation de choucroute, (la première en juillet 1983, la dernière en juillet 1992 - 10e édition). Les recettes de la fête vont au Bureau d'aide sociale


Collection privée José Flajollet

 


Fête de la bière 1987 (photo Voix du Nord du 18 juillet 1987)


  • des spectacles : de danse moderne (en 1991) ; folklores du monde (en 1992) ; spectacle culturel an 2000 (en mai 2000)

  • des soirées théâtrales

  • des concerts : un récital John Littleton (chanteur d'opéra et de gospel américain établi en France) le 3 décembre 1983

Photo Voix du Nord du 28 novembre 1983

 

  • des concerts instrumentaux ou de chorales, Mozart est deux fois à l'honneur (4 mars 1996 avec des pièces vocales et le 24 février 1999 avec la pianiste Gisèle Magnan) - ces concerts ont lieu dans l'église

  • un concert de printemps ; un concert de Sainte-Cécile (d'abord par des formations extérieures, puis par l'harmonie municipale de Téteghem depuis sa création en 1989)

  • des festivals de musique. Le premier le 12 juin 1994. Certains sont mémorables : le festival du 14 septembre 1997 à l'occasion du baptême du géant téteghémois Théodoric - 600 musiciens et d'autres géants, dont les parrain et marraine du nouveau-né (Jean le Bûcheron de Steenvoorde et Arthurine de Bourbourg) étaient présents ; le festival du 17 septembre 2000 lors d'une balade des géants réunissant 22 géants et 500 participants musicaux et folkloriques.



Baptême de Théodoric (photo Voix du Nord du 16 septembre 1997)


La danse est toujours très appréciée. On donne des galas, des soirées dansantes.

Des kermesses scolaires apparaissent à la fin des années 1980.

Les fêtes se multiplient :

  • une fête en septembre (dite la petite ducasse, avec un concours de chants, un défilé harmonique et un bal, plus en 1978 une démonstration de chiens de défense et en 1983 un lancer de ballons)

  • une fête de l'automne en octobre, avec en 1983 la première élection de miss Téteghem un samedi, suivie le dimanche du spectacle d'une troupe locale aujourd'hui oubliée : les Farfeluches.


Élection de miss Téteghem 1983 (photo Voix du Nord du 19 octobre 1983)


  • une foire à la brocante (la première en avril 1983, suivie d'une soirée cyclosportive)

  • le concours de bonnets et bal de Sainte-Catherine en novembre

Concours de bonnets de Sainte Catherine 1983 (photo Voix du Nord du 29 novembre 1983)

 

  • la fête de la Saint-Martin avec un concours de betteraves artistiques (le premier en novembre 1982)

Concours de betteraves artistiques Saint Martin 1982 (photo Voix du Nord du 18 novembre 1982)

 

  • la fête de quartier.


Ce n'est pas tout.

A la fin des années 1990 apparaissent :

  • des après-midi récréatives Halloween

  • une fête de Noël en décembre 1996 puis un Marché de Noël (le premier en décembre 1999).


Sans oublier :

  • des concours de cartes (belote, manille, tarot, bridge)

  • des jeux de loto

  • le carnaval (adultes et enfantin).


Bande des pêcheurs 1987 (photo Voix du Nord du 18 février 1987)



Carnaval enfantin 1996 (photo Voix du Nord du 7 février 1996)


Certaines de ces manifestations, qui se produisent au village, se retrouveront dans le nouveau quartier du Chapeau Rouge (zone pavillonnaire et Degroote) bâti dans le courant des années 1970.

 

À suivre ...

 

(1) Le Nord Maritime du 18 juillet 1929.