Inondations en 1748
Plan des Moëres en 1756
Les Archives municipales de Bergues conservent des informations relatives à la paroisse de Téteghem qui, jusqu'à la révolution de 1789, dépendait de la châtellenie de Bergues.
Nous avons trouvé parmi celles-ci deux documents (ci-dessous) datés de novembre 1748 -un mois après le traité d'Aix-la-Chapelle (1)- témoignant d'inondations du territoire. Cette année-là, note Victor Derode, « il y avait trois mètres d'eau dans la grande Moëre et deux dans la petite » (2) (3).
En 1758, soit dix ans après les faits, le comte d'Hérouville (4) obtiendra par lettres patentes du roi Louis XV le droit d'assécher les Moëres en question, débordantes et malsaines, qui, « l'été surtout, par leurs exhalaisons putrides, engendraient de terribles épidémies dans toute la région » (5). Deux fois déjà, en 1669 puis en 1716, des concessions avaient été données, mais sans effets.
Le comte d'Hérouville, plus efficace que ses prédécesseurs, réalisera les travaux, sans cependant atteindre les résultats escomptés : « En 1766, écrit Louis Lemaire, le territoire des deux Moëres était livré à la culture. Mais par contre, en raison de l'insuffisance de la voie d'écoulement, les terres adjacentes restaient couvertes d'eau pendant la mauvaise saison. Ces alternatives d'immersion puis d'exposition au soleil de la boue desséchée, étaient plus funestes encore que la présence d'une eau simplement stagnante. Le pays resta insalubre. À la fin de l'été surtout, la fièvre atteignait presque tous les habitants. »(6) En 1779, ruiné par l'entreprise, il rétrocédera au roi la concession.
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«L'an mil sept cent quarante et huit, le mardi cinquième jour de novembre, nous, François Cailloen, laboureur, demeurant en la paroisse de Téteghem, ce jourd'hui requis par le sieur Gabriel Cocquart, arpenteur préposé aux opérations de desséchement des Moëres, pour par moi lui être indiqué les noms, demeures et qualités des propriétaires des terres tenant et aboutissant à la laisse d'inondation (7) desdites Moëres pour l'étendue du territoire de ladite paroisse de Téteghem, ce que lui ayant dit bien savoir et connaître promettant de lui en donner un fidèle et exact dénombrement, à l'effet de quoi, moi, indicateur susnommé ce même jour pour que dessus étant accompagné dudit sieur arpenteur préposé et Peter Vanhee, son aide porte perche, nous nous sommes transportés à l'extrémité méridionale de la laisse d'inondation susdite du côté de Hoymille, par lequel endroit nous avons commencé à procéder au dénombrement des terrains ci-après (une centaine). » (8)
« L'an mil sept cent quarante et huit, le quatorzième jour du mois de novembre, nous, arpenteur susnommé soussigné préposé aux fins de la requête de Monsieur le comte d'Hérouville de Claye, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, maréchal des camps et armées du roi, en date du 9 juin 1746, je me suis transporté tout exprès au territoire de Téteghem sur la partie inondée adjacente à la petite Moëre où, y étant accompagné de Peter Vanhee, notre aide porte perche, nous avons procédé au décotement de ladite partie inondée et à déterminer son étendue. » (9)
Gérald Mennesson
1- Traité de paix signé le 18 octobre 1748 qui met fin à la guerre de Succession d'Autriche opposant depuis 1740 les nations européennes.
2- V. DERODE, Histoire de Dunkerque, 1852, p.30.
3- Lacs entre Bergues et Dunkerque.
4- Antoine Ricouart d'Hérouville de Claye (1713-1782), commandant à Bergues le régiment de Bourgogne (1738), maréchal de camp (1745), lieutenant général des armées du roi (1748).
5- Louis LEMAIRE, Histoire de Dunkerque, 1927, p. 279.
6- L. LEMAIRE, « Inondations et paludisme en Flandre maritime (1622-1922) », Revue du Nord, tome 8, n° 31, août 1922.
7- Marques observables après une inondation.
8 & 9- Archives de Bergues, série D, cote DD 23.