originaire de Téteghem où elle a toujours vécu, et ancienne exploitante agricole avec son mari.

Les terres du couple, en l'occurrence, sont occupées par la famille Baës depuis 1740.



Certificat d'occupation


 

 

Claudine Bruneel naît en 1927 dans une grande maison sur la Place (aujourd'hui le parking face à l'Eglise), où habitent et travaillent ses parents.

Son père est étalonnier et sa mère tient un café-dîneur où déjeunent régulièrement trois des instituteurs de la commune, des représentants de commerce, des marchands (de café, de paille, de lin, de chevaux, … ) et, une fois par mois un joaillier de Malo qui vient percer les oreilles des petites filles.

Son grand père maternel vit avec eux dans cette vaste demeure rachetée par ses parents aux Zegers-Andries qui exerçaient la même activité ( « au Progrès » ).



La maison des anciens propriétaires (source privée : don de Richard Giedelmann)

 

 

Son père élève aussi, mais pour son usage personnel, un cheval de course -Kaolin 6- qui courra au Croisé-Laroche avant d'être vendu à une entreprise de Pompes funèbres de Dunkerque.


Kaolin 6

 

Souvenirs d'avant-guerre

 

Téteghem était un petit village à la population paysanne et ouvrière :des salariés de l'Usine des Dunes (on disait « Firminy ») ou du port de Dunkerque qui allaient travailler à vélo ou à pied.

S'y trouvaient deux boulangeries, trois épiceries, un cordonnier marchand de chaussures, deux boucheries ainsi qu'une soixantaine de cafés où boire et jouer, et qui servaient aussi de lieux de contrebande de tabac belge !

Une laitière apportait chaque jour à domicile du lait « à la louche ».

Un brasseur livrait des boissons une fois par semaine.

Il y avait un garde-champêtre, un receveur des Postes qui distribuait également le courrier.

Le curé et le maire étaient parmi les très rares personnes à posséder une automobile.

Dans une petite prison (à l'emplacement de l'actuelle salle de sports), l'on enfermait les auteurs de menus larcins et les gosses indociles.

Des fermes entouraient le village.

 

Madame Baës se souvient de deux moulins à moudre, en bois sur pivot : l'un derrière l'actuel « café le Moulin », où on vendait le samedi des galettes beurrées ; l'autre au Pont à Charrettes.La guerre les détruira.



Le moulin derrière l'actuel café « le Moulin »

 

 

Il y avait deux écoles (de garçons, de filles), et une maternelle mixte où Claudine a connu son futur mari !

De l'école, on pouvait voir tourner les ailes du moulin le plus proche.

Les rues n'étaient pas éclairées. L'eau courante et l'électricité à domicile apparaîtront après 1930 ; ainsi que le goudronnage des chaussées principales.

Les parents de Madame Baës ont été les premiers particuliers à posséder le téléphone : n°1. Celui-ci, au demeurant, sera réquisitionné par les soldats présents dans le village au début de la guerre en 1940.

La localité était vivante. Le dimanche, les paysans venaient en carriole s'y distraire (bals dans la salle au-dessus d'une forge -chez Tanghe, les bureaux de l'actuelle mairie-, la ducasse le 3ème dimanche de juillet).

Des moutons traversaient la Place une fois par an, lors de la transhumance.

 

La Seconde Guerre mondiale

 

Téteghem est terriblement bombardée le 2 juin 1940, un dimanche. À 11 heures.

La population se réfugie dans les caves d'une ancienne brasserie qui sert d'abri communal.

L'église est démolie. Des habitants enterreront les cloches dans un trou d'obus pour que le bronze échappe à l'ennemi. Après guerre, elles seront fondues en une seule qu'on baptisera Renée.



Le presbytère après le bombardement de juin 1940

 

 

La maison où habitent Claudine et ses parents est abîmée mais c'est la seule de la Place à être encore debout ! Six étalons sont tués.

L'attaque aérienne fera soixante-trois victimes civiles.



La maison Bruneel après le bombardement de juin 1940

 

 

 

ATH remercie vivement Madame Baës d'avoir livré ses souvenirs de jeunesse sur la commune, communiqué des photos personnelles, et d'en autoriser la diffusion (mais pas la reproduction à quelque titre que ce soit).

 

Dominique et Gérald Mennesson,

 

juin 2018