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La milice provinciale

 

Tirage au sort de miliciens en 1708 (dessin, Internet)

 

La formation de milices provinciales –des civils mobilisés en appui des troupes régulières- est contemporaine du règne de Louis XIV aux hostilités incessantes.

Le 29 novembre 1688, une ordonnance royale recrute 25 050 hommes âgés de 20 à 40 ans répartis en trente régiments de quinze à trente compagnies chacun (1). Cette première levée massive, décidée au début de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (2), en annonce d'autres pendant la guerre de Succession d'Espagne (3).

Une ordonnance de Louis XV, le 25 février 1726, rend la mobilisation permanente. Et de nombreuses recrues serviront lors des guerres de Succession de Pologne (4), de Succession d'Autriche (5), de Sept Ans (6).


 

 

Les miliciens sont recrutés dans les paroisses par tirage au sort (7), pour un service de quatre années (six après 1765). En temps de guerre, ils seront le plus souvent affectés dans les places-fortes et à la défense des frontières ; en temps de paix, on les entraîne dans un camp au maniement des armes et à la marche militaire plusieurs semaines par an.

Le roi les habille (8) et les arme (9) ; il paie aussi leur solde (10) en temps de guerre. Mais c'est à la paroisse de leur fournir le petit équipement (11), de payer la solde en temps de paix et d'acquitter les frais de conduite au lieu de regroupement et d'entraînement ; une charge pesante pour les communautés.

La milice provinciale, impopulaire, sera abolie par la Révolution le 20 mars 1791.

 

§

 

Il y eut en Flandres un seul bataillon de miliciens. De 700 hommes environ, 630 en 1757 (12). La châtellenie de Bergues en fournit 67 en 1760 (13).

On ignore combien d'entre eux furent recrutés à Téteghem. En revanche, un document conservé aux Archives municipales de Bergues (14) renseigne sur la contribution annuelle des habitants du village aux dépenses des miliciens de la châtellenie, de 1771 à 1788.

 

 

Années

Montants en livres tournois

de 1771 à 1774

85,19

de 1775 à 1777

42,19

1778 et 1779

69,16

1780

112,16

1781

161,2

1782

193,7

de 1783 à 1785

161,2

1786

134,5

1787 et 1788

107,8

 

Gérald Mennesson

 

  1- Cf. Alain JOBLIN, « Les milices provinciales dans le Nord du royaume de France à l'époque moderne (XVIIe – XVIIIe siècles) », Revue du Nord, 2003/2, n° 350, pp. 279-296.

  2- Conflit (1688-1697) opposant la France alliée aux Ottomans à l'Angleterre, l'Espagne et au Saint-Empire romain germanique.

  3- Conflit (1702-1713) opposant la France et l'Espagne à l'Angleterre, la Prusse, l'Autriche et Provinces-Unies.

  4- Conflit (1733-1738) opposant la France et l'Espagne à la Russie, l'Autriche et la Prusse.

  5- Conflit (1740-1748) opposant la France, la Prusse et la Bavière à l'Autriche, l'Angleterre, la Russie et Provinces-Unies.

  6- Conflit (1756-1763) opposant la France et l'Autriche à l'Angleterre et la Prusse.

  7- Ordonnance royale du 23 décembre 1692.

  8- Fusil, baïonnette, épée, giberne et ceinturon.

  9- Justaucorps de drap blanc, veste et culotte de serge blanche doublée de toile grise avec, pour la veste, un revers, un collet et des parements bleus.

10- 4 sols par jour.

11- Chapeau bordé d'un galon d'argent faux, deux chemises de toile, deux cols, une paire de souliers, une paire de guêtres et un havresac.

12- Source : registre des inscriptions des jeunes gens engagés comme miliciens (1750-1761), Archives municipales de Bergues, cote EE 6.

13- Ibidem.

14- Cote EE 8.