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Courrier de captivité (1941-1945)


Feu André Derley, ancien marchand de charbon rue du Moulin à Téteghem, mobilisé en 1939, a été fait prisonnier en juin 1940. Pendant ses cinq années de détention en Allemagne, il correspondra avec sa mère, restée veuve (1), et sa sœur Adrienne.

Le courrier conservé par la famille a été donné à l' ATH pour servir l'histoire locale : c'est un corpus de dix lettres et douze cartes écrites en 1941, 1942, 1944 et 1945 ; la première date du 27 avril 1941, la dernière du 15 janvier 1945.



 

 

André Derley, détenu au stalag III C, sera affecté dans des fermes du Brandebourg. Sa correspondance au format réglementé (lettre = 25 lignes ; carte = 7 lignes) consiste surtout à rassurer sur sa santé, à s'informer de celle de ses proches, accuser réception des lettres et des colis, et relater ses travaux agricoles.

Jusqu'à l'été 1944, le courrier parvient dans un délai de trois à quatre semaines. Ça ne sera plus le cas ensuite : « Votre carte du 10 août (…) a mis 50 jours pour venir. Je vois que mes lettres sont aussi longtemps en route car la carte du 25 juin que tu reçu le 10 août a aussi mis 45 jours. » (2) Le 14 janvier 1945, peu avant la libération du camp par les Soviétiques (3), André dit être sans nouvelles : « La dernière carte date du 17 août, sa fait 5 mois. »

Entretemps, le 4 octobre 1944, sa mère et sa sœur ont dû quitter Téteghem, évacuées de la poche de Dunkerque où la guerre se prolonge. Réfugiées à Landas (4) chez un particulier, c'est à cette nouvelle adresse que leur arrive le courrier d'André, inquiet, qui chaque semaine écrit, un courrier portant la mention « c/o general post office via Grande-Bretagne » (5).


Le prisonnier fournit des feuilles servant à expédier des colis. Ceux qu'il reçoit lui parviennent dans un délai maximal d'un mois.

En avril 1941, il demande à sa mère « si possible conserve sardines, pâté bœuf petit gateaux pain d'épice si tu en trouve et si ce nai pas trop chère surtout ne vous privé pas pour moi » (6) ; en novembre de la même année deux paires de chaussettes en coton (7) ; en août 1944, « des tablettes un peu de sucre et des lames de rasoir » (8).

« Rien ne manque » dans les paquets qu'il reçoit, précise souvent André. L'un d'eux, que complète la famille, sera un cadeau d'une formation téteghémoise : « J'ai vu qu'il a été offert par le Club sportif de la commune, mais je crois que vous avez mis les gaufres le pain épice et les sardines. Surtout ne vous privé pas pour m'envoyer car je peu me passé de gaufre. » (9)

 

André reçoit un dernier colis de sa famille le 3 août 1944, daté du 7 juin, le lendemain du débarquement allié sur les plages normandes ; il reçoit en revanche des vivres de la Croix-Rouge et, le 8 septembre, « un colis américain de 5 kg avec du lait café chocolat viande sucre biscuits fromage etc » (10).

En cette année 1944, outre des lettres et cartes hebdomadaires, il profitera des feuilles pour donner rapidement de ses nouvelles, en écrivant dans la partie réservée aux coordonnées de l'expéditeur la formule lapidaire - toujours la même - « tout va bien ».

 

 

Gérald Mennesson


1 - Née Lucie Pako, veuve d'Eugène Louis Derley décédé en 1926.

2 - Lettre du 1er octobre 1944.

3 - Le 31 janvier 1945.

4 - Canton d'Orchies.

5- La mention apparaît en septembre 1944, aux termes d'un accord entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne réglant l'acheminement du courrier à destination ou en provenance des prisonniers de guerre.

6 - Lettre du 27 avril 1941.

7 - Carte du 23 novembre 1941.

8 - Lettre du 6 août 1944.

9 - Lettre du 13 septembre 1942.

10 - Lettre du 10 septembre 1944.